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RACHEL


Elle s’appelait Rachel. Elle était ma grand-mère, ma grand-mère maternelle. Je l’ai peu connue. Elle était magnifique de beauté, de dignité, de solitude aussi. C’était une taiseuse.

Ma mère m’en a peu parlé. Elle même a été élevée par sa grand-mère pour que sa mère aille travailler.

Cet héritage féminin m’a toujours interpelée. Ma grand-mère parlait patois, un patois du Périgord que je ne connaissais pas. Nous communiquions par gestes, sourires et grimaces.

Un jour, ma mère m’a annoncé qu’elle était partie pour le grand voyage, qu’elle nous avait quittés, sans crier gare, sans faire de bruit. C’est du moins ce que je croyais.

Car cette femme incroyable, un dimanche, a pris un bain, elle qui n’avait pas l’eau courante dans sa petite maison sombre d’un village de Dordogne ; elle qui allait au puits sur la place pour chercher son eau. Elle est allée chercher de l’eau pour se laver et se changer. Elle a mis ses vêtements du dimanche. Puis elle est allée rendre visite à ses amis proches, dans le village.

Elle est rentrée chez elle dans la soirée. Elle a fermé ses volets, s’est allongée, habillée, sur son lit.

Le lendemain matin, les volets sont restés fermés. Puis l’après midi.

Une voisine est venue frapper à la porte, puis d’autres. Ils sont entrés dans sa petite maison.

Elle s’était endormie pour l’éternité. Elle avait fait ses adieux.

Adieu Rachel, que ton âme vagabonde dans des paysages somptueux qui t’apporteront la paix, la douceur et la joie qui t’ont manqué sur Terre. Que ta soif de liberté se réalise dans cet ailleurs dont tu avais sans doute la nostalgie.

 

 

 

                                                                                   Janvier 2010

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